Environ 1,5 million de Québécois agissent comme personnes proches aidantes et ce nombre est sûrement bien plus grand, puisque 35% de ces personnes ne se reconnaissent pas comme tel. Ce faisant, elles se privent sans le vouloir de ressources et d’un réseau qui leur permet de continuer à aider, mais sans s’oublier ni s’épuiser.
«Voir l’invisible, c’est comprendre le quotidien complexe des personnes proches aidantes. Leur rôle est multiple et souvent méconnu : elles soutiennent, soignent, organisent, rassurent et aiment», a fait valoir Loriane Estienne, directrice générale de Proche aidance Québec.
«Les organismes communautaires offrent un accompagnement essentiel, des ressources et un réseau qui permet à ces personnes de continuer à donner le meilleur d’elles-mêmes sans s’épuiser. Chacun de nous peut contribuer à alléger leur fardeau, en reconnaissant leur rôle et en les soutenant dans notre communauté», a-t-elle ajouté dans le cadre de la Semaine nationale des personnes proches aidantes, qui se déroulait du 2 au 8 novembre.
Aidant pendant plus de 20 ans
Les personnes proche aidantes ont donc de nombreux visages et leurs actions prennent de multiples formes. Pour sa part, Michel Théroux a soutenu sa conjointe pendant plus de vingt ans en raison d’un problème de santé chronique qui est allé en s’aggravant avec le temps.
Le Varennois s’occupait de la préparation des repas, des tâches domestiques, de la prise de médication toutes les trois heures, des accompagnements aux rendez-vous médicaux et des hospitalisations d’urgence dans certains cas.
«Vers 2010, ça s’est détérioré et on n’avait même pas de rencontres familiales comme à Noël ou au jour de l’An parce que ma conjointe n’avait même pas la capacité de vivre une rencontre familiale avec plein de monde. On ne participait pas à grand-chose. Au point de vue social, c’était assez restreint», a avoué l’homme âgé aujourd’hui de 74 ans.
M. Théroux a aussi été proche aidant de sa mère, qui était limitée en raison de problèmes de vision. Elle vivait avec lui et sa femme dans une maison bigénérationnelle. Au décès de sa femme, en 2022, il a consacré encore plus de temps auprès de sa mère, jusqu’à la mort de celle-ci en janvier 2024.
Combler le vide
Un grand vide est survenu à la suite du départ consécutifs de ces deux femmes qui étaient au cœur de sa vie. «Lorsque ma mère est décédée, c’était beaucoup moins exigeant en termes de temps. C’était un vide de tout rapport, de tout contact. Je me sentais assez seul.»
Heureusement, durant son parcours, il a pu trouver conseils et ressourcement auprès des organismes destinés à épauler les proches aidants. «Le premier service auquel j’ai eu recours, c’est Les Aidants des Seigneuries à Saint-Amable», a-t-il souligné en ajoutant que la personne qui est en charge l’organisme l’avait inscrit à un groupe de soutien à l’épuisement.
«Il y a là d’autres proches aidants et on met en commun notre vécu et c’est une ressource super intéressante et super énergisante; on n’est plus seul dans ce contexte-là et on est en présence de personnes qui vivent des situations similaires, qui nous comprennent et qui nous accueillent.»
Celui qui ne peut s’empêcher d’aider son prochain a un dernier conseil aux personnes qui vivent une situation similaire à la sienne. «On se dit qu’on est capable, qu’on n’a pas besoin de ça : on attend trop longtemps avant de consulter et d’utiliser les services qui sont totalement gratuits. Moi j’ai trouvé que j’en ai bénéficié énormément. Les personnes qui y vont tôt peuvent aussi éviter des situations qui peuvent devenir désagréables.»
***
Pour trouver une ressource près de chez vous ou en savoir plus sur la proche aidance: Vous êtes une personne proche aidante | Proche aidance Québec

