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Québec à la rescousse des maisons Gilles-Carle

Le fardeau des personnes proches aidantes lié aux retours à l'urgence des personnes aînées

Les personnes proches aidantes font face à de nombreuses tâches au quotidien, en plus de leur vie personnelle et professionnelle.

Les personnes proches aidantes font face à de nombreuses tâches au quotidien, en plus de leur vie personnelle et professionnelle.

— Getty Images, FredFroese

Faire le ménage et les courses, assurer le transport aux différents rendez-vous… les personnes proches aidantes font face à de nombreuses tâches au quotidien, en plus de leur vie personnelle et professionnelle. Une étude de la Faculté de médecine montre que ce fardeau de responsabilités est associé à un retour aux urgences des personnes âgées dans les 30 jours suivant une première visite.

L'équipe de recherche n'était pas surprise de ce résultat. «On sait que les proches aidants jouent un grand rôle dans le maintien de la santé de leurs proches dans leur communauté», soutient Nathalie Germain, qui a mené l'étude alors qu'elle était étudiante à la maîtrise sous la direction de Patrick Archambault, professeur à la Faculté de médecine.

L'amélioration des transitions de soins des personnes aînées pourrait diminuer ce fardeau. «Quand on renvoie les personnes âgées dans leur communauté, il y a souvent une rupture dans la chaîne de soins pour les garder en santé à leur domicile, ce qui fait en sorte qu'elles reviennent souvent aux urgences», explique l'ancienne étudiante.

Nathalie Germain ajoute qu'en plus d'être coûteuses, les revisites aux urgences sont loin d'être idéales pour les personnes aînées. «C'est souvent très bruyant, il faut attendre longtemps. Il y a des gens qui se détériorent.»

Même si le gouvernement investit dans le soutien aux personnes proches aidantes, Patrick Archambault soutient qu'il y a encore un travail important à faire. «Il y a un effondrement de la première ligne au Québec. L'accès à un médecin de famille n'est pas facile. Le soutien aux proches aidants devient probablement encore plus difficile», souligne le professeur, également chercheur-clinicien au Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches.

L'étude s'est intéressée au fardeau des personnes proches aidantes de façon globale, sans s'attarder à sa nature. Dans une autre étude, Nathalie Germain avait toutefois recueilli des centaines de commentaires de personnes proches aidantes. Le manque de communication dans la transition de soins revenait souvent, en plus des responsabilités quotidiennes.

Selon le professeur Archambault, la nouvelle étude démontre qu'il faut faire des suivis plus systématiques et prendre conscience de la charge physique et mentale que vivent les personnes proches aidantes. Mais le fardeau des personnes proches aidantes n'est pas le seul facteur de retour aux urgences, prévient le professeur Patrick Archambault. «Certaines revisites sont parfois inévitables à cause de l'évolution de la maladie», ajoute-t-il.

« Si on était capable d'avoir une meilleure coordination des soins après une visite à l’urgence, on serait peut-être plus proactif dans la gestion préventive des facteurs qui vont mener à des revisites. »

— Patrick Archambault, professeur à la Faculté de médecine

Le chercheur-clinicien souligne le besoin de mener des études expérimentales pour étudier les effets des interventions pour diminuer le fardeau des personnes proches aidantes sur le nombre de retours à l'urgence qui peuvent être évitables. Selon lui, les données issues de la recherche permettront d'orienter les décideurs pour améliorer les services de santé.

Avec son équipe, il poursuit des travaux d'ailleurs dans la transition de soins grâce à une subvention récente des Instituts de recherche en santé du Canada. «On va continuer à soutenir les proches aidants avec des outils communicationnels. Il y a un travail local, provincial et national pour sensibiliser les professionnels de la santé à les utiliser, et améliorer l'accès pour les familles québécoises et les communautés francophones ailleurs au pays.»

La cohorte de l'étude était composée de 1409 dyades de personnes âgées et proches aidantes, qui ont vécu une transition de soins à la suite d'une visite dans l'un des quatre services d'urgence du CISSS de Chaudière-Appalaches, entre le 1er janvier 2019 et le 21 décembre 2021. L'équipe a utilisé le Zarit Brief Burden Interview, une mesure d'auto-évaluation fréquemment utilisée, traduit en français et adapté au contexte québécois.

Les signataires de l'étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, affiliés à l'Université Laval sont Nathalie Germain, Annie Toulouse-Fournier, Rawane Samb, Émilie Côté, Vanessa Couture, Stéphane Turcotte, Michèle Morin, Marie-Soleil Hardy, Richard Fleet, France Légaré, Holly O. Witteman, Éric Mercier, Josée Rivard, Marie-Josée Sirois, Joanie Robitaille, et Patrick M. Archambault.

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